Chantier après chantier… Combien de temps allons-nous fermer les yeux ?
- oliviertoma
- 29 juil.
- 2 min de lecture
Il est 13h, le thermomètre frôle les 35 degrés. Sur une route de centre-ville, des ouvriers s’activent. Pas de tente d’ombrage, pas de masque, à peine quelques gilets de sécurité. Ils manipulent, à main nue, du bitume chauffé à haute température, respirant à pleins poumons des vapeurs que les études qualifient pourtant de toxiques, génotoxiques et potentiellement cancérigènes. Le tout sous le regard indifférent des passants.
Cette scène n’a rien d’exceptionnel. Elle se répète chaque jour, partout en France.
Un silence coupable sur les chantiers
On parle souvent de l’impact sonore des travaux pour les riverains, mais trop rarement de leur brutalité pour ceux qui les réalisent. Nuisances sonores extrêmes, exposition prolongée à la chaleur, absence d’équipements de protection individuels (EPI)… La réalité des ouvriers du BTP est parfois celle d’un quotidien dangereux, banalisé.
Les vapeurs de bitume, notamment, sont composées d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), d’aldéhydes, de cétones, et de thiophènes. Des substances reconnues pour leurs effets mutagènes, génotoxiques et, pour certaines, cancérogènes.
Ce que dit la science
Plusieurs études convergent :
Altérations respiratoires : baisse de la capacité pulmonaire, gêne thoracique, toux, inflammation aiguë.
Effets sur l’ADN : cassures de brins, micronoyaux, modification des lymphocytes.
Risques accrus de cancers : notamment des voies aérodigestives supérieures, de l’estomac et du rectum.
Ces effets sont d’autant plus marqués chez les travailleurs sans protection et ceux exposés depuis plus de dix ans.
Une urgence sanitaire... mais aussi démographique
Si l’on ajoute à cela que certaines substances présentes dans ces vapeurs sont suspectées d’être perturbateurs endocriniens et potentiellement reprotoxiques, on entre dans un autre champ de préoccupation.
➡️ La France connaît aujourd’hui une baisse historique de la natalité. En 2025, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de décès a dépassé celui des naissances.
➡️ Les perturbateurs endocriniens sont suspectés de jouer un rôle dans cette épidémie silencieuse d’infertilité.
Former, équiper, protéger : un devoir humain
Ce n’est pas seulement une affaire de réglementation, c’est une affaire de dignité.
Former, sensibiliser, équiper les ouvriers du bâtiment n’est pas un luxe. Ce n’est pas un surcoût. C’est une obligation morale. Et c’est aussi une responsabilité collective : celle des entreprises, des élus locaux, des maîtres d’ouvrage, mais aussi de nous toutes et tous.
À travers cet appel, notre association Agir pour la santé des générations futures souhaite :
rappeler que la santé ne s’arrête pas aux portes des hôpitaux ;
appeler les maires, chefs de chantier, entrepreneurs du bâtiment à intégrer des mesures de protection systématiques ;
alerter sur l’exposition invisible des travailleurs aux substances chimiques cancérigènes et reprotoxiques ;
et inviter chacun à changer de regard sur ces chantiers menés au mépris de la santé humaine.
Car derrière chaque coup de pioche et chaque bouffée de bitume, ce sont des pères, des mères, des futurs parents, des êtres humains, qui méritent mieux.

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