Chrysalide, culture et durabilité : et si les médiateurs étaient les vrais activateurs du changement ?
- oliviertoma
- 22 juin
- 3 min de lecture
Nous vivons une époque charnière, marquée par l’urgence écologique, les fractures sociales, et le besoin vital de retrouver du sens, du lien et de la beauté. Si l’on s’accorde à dire que le monde économique et politique peine à réinventer ses modèles, il est un champ où les graines d’un futur désirable peuvent encore germer : le champ culturel.
Mais qui sont les jardiniers de cette métamorphose ?Ce sont les médiateurs culturels. Trop souvent invisibles, parfois cantonnés à un rôle logistique ou pédagogique, ces femmes et ces hommes sont pourtant des artisans silencieux d’une transition profonde, à condition que l’on prenne au sérieux leur formation et leur mission.
Former à la durabilité : un impératif pour demain
Durabilité, développement durable, transition, RSE… Ces mots sont devenus familiers, parfois galvaudés, rarement incarnés. Or, si l’on veut qu’ils deviennent des réflexes culturels, il faut qu’ils infusent dans les récits, les œuvres, les émotions, les pratiques culturelles et artistiques. Cela suppose que les professionnels de la culture – en particulier les médiateurs – soient formés non seulement à expliquer une œuvre, mais aussi à en décrypter les enjeux sociaux, écologiques, anthropologiques.
Former un médiateur culturel à la durabilité, ce n’est pas lui imposer un jargon technique ou une grille normative. C’est lui donner les moyens de relier l’intime au systémique, le sensible à la science, l’émotion à l’action.Cela suppose :
une compréhension des grands enjeux climatiques, sociaux et sanitaires,
une maîtrise des outils d’éco-conception des dispositifs culturels,
une capacité à intégrer la diversité des publics,
et surtout, une posture d’écoute active, de reliance, de co-construction.
Le médiateur devient alors un catalyseur d’intelligence collective, un tisseur de liens entre artistes, institutions, territoires, habitants.
Le projet Chrysalide : accompagner la métamorphose
C’est dans cette dynamique que s’inscrit notre participation au projet Chrysalide, porté par la FNADAC. Ce programme, innovant et structurant, ambitionne d’outiller les médiateurs culturels pour les préparer aux mutations de leur métier à l’ère des transitions.
Chrysalide n’est pas une simple formation : c’est une expérience transformatrice, qui interroge à la fois les contenus, les postures, les alliances à nouer avec les acteurs du soin, de l’environnement, de l’éducation populaire.C’est aussi une invitation à faire émerger une culture de la durabilité par la médiation elle-même : en réinterrogeant les lieux, les pratiques, les formes de transmission.
Nous y apportons notre expertise en RSE et santé environnementale, convaincus que la durabilité n’est pas une case à cocher, mais une matrice de pensée, un moteur créatif, une éthique de l’action.
Une mission culturelle, sociale et politique
La médiation culturelle peut et doit devenir l’un des leviers majeurs de la transition écologique et sociale.Pourquoi ? Parce que l’art touche ce que les chiffres ne savent pas dire. Parce que la culture fait sentir ce que les rapports officiels n’arrivent pas à transmettre. Parce qu’un médiateur peut créer l’étincelle qui transforme une perception en conviction, une visite en prise de conscience.
Imaginez une exposition sur les forêts en danger qui devient le point de départ d’un projet de territoire.Imaginez une œuvre engagée accompagnée d’un atelier intergénérationnel dans un quartier sensible.Imaginez un festival conçu avec un bilan carbone, une gouvernance partagée et une médiation qui sensibilise… sans moraliser.
C’est cela, le pouvoir d’une médiation durable.
Art, culture et durabilité : une évidence à incarner
Le monde de l’art et de la culture a un rôle crucial à jouer dans la réinvention de nos représentations collectives. Si les artistes, les institutions et les médiateurs s’imprègnent de ces enjeux, ils sauront les diffuser dans leurs créations, leurs pratiques, leurs récits.
Et c’est ainsi que la durabilité deviendra :
lisible : parce qu’elle sera expliquée avec sensibilité,
évidente : parce qu’elle apparaîtra comme un fil rouge des projets culturels,
nécessaire : parce qu’elle répondra aux aspirations profondes du public,
implicite : parce qu’elle infusera naturellement les œuvres et les expériences proposées.
Nous le croyons fermement : la transition ne sera pas seulement technologique ou réglementaire. Elle sera culturelle, ou elle ne sera pas.Et pour qu’elle le soit, il faut former, valoriser et outiller celles et ceux qui sont au carrefour des émotions, des récits, des publics : les médiateurs culturels.
À travers le projet Chrysalide et notre engagement aux côtés de nombreux acteurs, nous portons cette conviction : la culture est une chrysalide. Si on en prend soin, elle donnera naissance à des papillons de conscience.
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