#Episode 4- Japon : l’or bleu, une eau d’exception entre tradition et innovation
- oliviertoma
- 4 oct.
- 5 min de lecture

Au pays des sources chaudes et des montagnes couvertes de forêts, l’eau est bien plus qu’une ressource : c’est un trésor national, un symbole de pureté, et un pilier de la santé publique. Le Japon, confronté à des défis uniques (typhons, urbanisation dense, vieillissement des infrastructures), a développé des technologies de traitement de l’eau parmi les plus avancées au monde, tout en préservant des traditions ancestrales. Résultat : une eau du robinet potable à 98%, des innovations exportées dans le monde entier, et des bienfaits santé reconnus.
Une eau potable (presque) partout : le miracle japonais
Le réseau, une prouesse technique
98% de l’eau du robinet est potable au Japon (contre 80% en moyenne dans l’OCDE), grâce à un système de traitement ultra-performant et des contrôles stricts.
Normes drastiques : Le Japon applique des limites 10 fois plus strictes que l’OMS pour les polluants comme les nitrates ou les pesticides. Les tests incluent même la recherche de microplastiques et de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées).
Transparence totale : Les municipalités publient en temps réel la qualité de l’eau sur des applications.
Exemple : À Tokyo, l’eau est traitée avec une combinaison d’ozone, de charbon actif et de membranes céramiques, éliminant 99,9% des virus et bactéries.
Le traitement de l’eau : high-tech et respect de la nature
Des usines futuristes
Le Japon mise sur des technologies hybrides :
Prétraitement naturel :
Bassins de phytoremédiation (plantes aquatiques comme les roseaux) pour filtrer les polluants dans les zones rurales.
Forêts protectrices autour des sources (comme à Kamikawa, Hokkaido), où les arbres agissent comme des filtres naturels.
Traitement high-tech :
Membranes céramiques (développées par NGK Insulators) : 10 fois plus résistantes que les membranes plastiques, elles filtrent même les virus de 20 nanomètres.
UV et ozone : Utilisés à Osaka pour éliminer les résidus de médicaments.
IA et capteurs : Des systèmes comme Aquasuite (de Yokogawa) surveillent en temps réel la qualité de l’eau et ajustent les traitements.
Recyclage des eaux usées :
Tokyo recycle 20% de ses eaux usées pour l’irrigation ou le nettoyage des rues, via des stations comme Koto Water Reclamation Center.
Innovation phare : l’eau "super-pure"
Eau ultra-filtrée : Des entreprises comme Asahi Kasei ont mis au point des filtres capables d’éliminer les microplastiques et les métaux lourds à 99,99%.
Eau "fonctionnelle" :
En hydrogène (antioxydant, vendue par H2 Water).
En minéraux (comme l’eau de Kusatsu Onsen, riche en soufre et calcium).
3. Les bienfaits santé : une eau qui soigne
L’eau du robinet, un élixir ?
Riche en minéraux : Grâce aux sols volcaniques, l’eau japonaise est naturellement chargée en magnésium, calcium et silicium, bons pour les os et la peau.
pH équilibré : La plupart des eaux du robinet ont un pH entre 6,5 et 7,5, idéal pour la digestion.
Effets prouvés :
Une étude de l’Université de Kyoto montre que boire de l’eau riche en silicium (comme celle de Shiga) réduit de 15% les risques de maladies cardiovasculaires.
Les eaux thermales (onsen) sont utilisées en balnéothérapie pour soulager l’arthrite ou les douleurs musculaires.
Les onsen : des bains thérapeutiques
27 000 sources chaudes au Japon, chacune avec des propriétés uniques :
Kusatsu (Gunma) : Eau acide (pH 2) pour les problèmes de peau.
Beppu (Oita) : Eau riche en fer pour l’anémie.
Noboribetsu (Hokkaido) : Soufre pour les douleurs articulaires.
Preuves scientifiques : Une étude de 2024 montre que les bains réguliers dans les onsen réduisent l’hypertension de 18% et améliorent le sommeil.
Mesurer l’empreinte hydrique : le Japon montre l’exemple
Au Japon, où chaque goutte compte, la mesure de l’empreinte hydrique est devenue un outil clé pour les entreprises, les produits et même les hôpitaux. Le pays a développé des programmes spécifiques, des normes adaptées et des innovations technologiques pour réduire son impact sur les ressources en eau.
Pour les organisations : des outils sur mesure
Water Footprint Japan : Porté par le Japan Water Forum, ce programme propose un calculateur en ligne gratuit pour évaluer l’empreinte hydrique des activités industrielles ou commerciales. Des géants comme Toyota ou Panasonic l’utilisent pour leurs rapports RSE, avec des résultats impressionnants : Toyota a réduit son empreinte de 20% depuis 2015.
Norme ISO 14046 adaptée : Le Japon a simplifié cette norme internationale pour ses PME, avec des guides sectoriels (textile, électronique, agriculture). Asahi Group, par exemple, recycle 90% de ses eaux usées dans ses usines de bière.
Pour les produits : l’étiquetage "Water Smart"
Label "Water Footprint Product" : Lancé par la Japan Water Stewardship Initiative, il affiche l’empreinte hydrique des produits, comme le bilan carbone. Le riz de Niigata ou les jeans Edo (–40% d’eau) en sont des exemples phares.
Des " applis" innovantes: En scannant un code-barres, les consommateurs découvrent la consommation d’eau "cachée" dans leur achat.
Pour les hôpitaux : le programme "Eco-Hospital Water"
Audit obligatoire : Les hôpitaux de plus de 200 lits doivent mesurer leur empreinte hydrique et viser –15% de consommation d’ici 2030.
Solutions innovantes :
À l’hôpital St. Luke de Tokyo, la récupération des eaux de pluie et des machines à laver ultra-efficaces ont permis une réduction de 25% en 5 ans.
Le système WMS-H (Toshiba) surveille en temps réel la consommation par service et alerte en cas de gaspillage.
Innovations à suivre
Aqua Predict : Un projet utilisant l’IA pour anticiper les pénuries d’eau, testé dans les hôpitaux de Fukushima.
Toilettes "zéro eau" : Toto cherche à developper des modèles à compost pour les zones rurales, réduisant la consommation de 90%.
Conclusion : une eau modèle, mais des défis persistants
Le Japon prouve que technologie, rigueur et respect de la nature peuvent transformer l’eau en ressource durable. Pourtant, des défis subsistent :
Vieillissement des infrastructures dans les zones rurales.
Adaptation au changement climatique (typhons plus fréquents, séismes).
Sensibilisation des consommateurs, encore trop peu informés sur l’empreinte hydrique des produits.
Ce que la France pourrait en retenir :
Pour les entreprises : Adopter des calculateurs d’empreinte hydrique et étiqueter les produits.
Pour les hôpitaux : Installer des systèmes de monitoring comme le WMS-H et former le personnel à l’éco-gestion.
Pour les collectivités : Cartographier les risques hydriques et développer des réseaux d’eau recyclée.
Et si demain, chaque produit, chaque hôpital, chaque ville mesurait son empreinte hydrique comme on le fait pour le carbone ? Le Japon montre que c’est non seulement possible, mais aussi rentable et inspirant.
ET VOUS ? Connaissiez-vous l’empreinte hydrique des produits que vous achetez ? Pensez-vous que la France devrait s’inspirer du modèle japonais ? Partagez votre avis en commentaire !



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