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Et si la RSE était notre meilleure arme de souveraineté ?

  • oliviertoma
  • 10 juil.
  • 3 min de lecture

Et si la RSE n’était pas qu’une ligne de plus dans les rapports annuels, mais un outil stratégique pour reprendre la main sur notre avenir collectif ? Dans un monde où les crises se succèdent, la Responsabilité Sociétale devient un levier de souveraineté. Encore faut-il la penser comme telle.



Il aura fallu une pandémie mondiale, une guerre aux portes de l’Europe, des sécheresses historiques, des ruptures d’approvisionnement en médicaments et une inflation galopante pour que la souveraineté retrouve sa place dans le débat public. Longtemps cantonné à des cercles géopolitiques ou militaires, le mot revient aujourd’hui dans les hôpitaux, les mairies, les entreprises. Avec une même question, simple et brutale : sur quoi avons-nous encore prise ?


Face à cette prise de conscience collective, la RSE émerge comme un outil inattendu mais redoutablement efficace. Elle ne se limite plus à quelques actions environnementales cosmétiques ou à des chartes internes. Elle devient un levier d’autonomie stratégique.


Reprendre le contrôle : l’ambition cachée de la RSE

Prenons un exemple concret : une clinique qui choisit de relocaliser une partie de ses achats alimentaires ou hôteliers. Ce n’est pas seulement un acte vertueux. C’est un acte de souveraineté. Cela veut dire : je sécurise mes approvisionnements, je soutiens mon territoire, je réduis mes vulnérabilités.

Autre exemple : un laboratoire qui mesure l’empreinte hydrique de ses dispositifs médicaux, ou une maternité qui conçoit ses parcours de soins pour limiter les expositions aux perturbateurs endocriniens. Ce sont des actes de responsabilité, bien sûr. Mais ce sont aussi des gestes de protection nationale.


La RSE, quand elle est incarnée, territorialisée, connectée aux enjeux du temps long, devient un outil de maîtrise. Elle permet de décider au lieu de subir, d’anticiper au lieu de réparer, de coopérer au lieu de dépendre.


Une RSE à la française, pionnière sans le savoir

Il existe dans l’écosystème français, notamment dans le secteur de la santé, un foisonnement d’initiatives discrètes mais puissantes. Des réseaux, des outils, des labels, des formations… Toute une infrastructure, patiemment construite, souvent bien avant que le mot "souveraineté" ne devienne tendance.

Certains y verront du pragmatisme, d’autres de la conviction. Ce qui est sûr, c’est que la France dispose aujourd’hui d’un terreau unique pour faire de la RSE non pas un supplément d’âme, mais une politique d’intérêt général. Cela tient sans doute à une culture du service public, à un réseau hospitalier dense, mais aussi à quelques engagements de longue haleine. Ceux qui ont, dès les années 2000, commencé à parler d’éco-conception des soins, de qualité de l’air intérieur, de résilience territoriale. Aujourd’hui, ces notions font leur chemin dans les politiques publiques comme dans les stratégies d’entreprise. Ce n’est plus une question d’adhésion. C’est une question de survie.


La souveraineté ne se décrète pas, elle se construit

La vraie souveraineté n’est pas une posture politique. C’est une capacité à faire des choix libres, éclairés, responsables.La RSE, quand elle est exigeante, documentée et mise en œuvre avec sérieux, est un vecteur de cette liberté. Une entreprise qui maîtrise sa chaîne d’approvisionnement, qui forme ses équipes, qui évalue son impact, qui prévient plutôt que compense, est une entreprise souveraine.

Et si on élargit cette logique à l’échelle d’un territoire, d’un réseau, d’un pays, alors c’est tout un modèle de société qu’on peut rebâtir.



Dans les mois à venir, une nouvelle série d’articles explorera comment cette logique de souveraineté par la RSE peut s’appliquer à la santé, à l’énergie, à l’eau, aux territoires, aux métiers. Car derrière la souveraineté se cache une autre idée, bien plus grande encore : celle de la dignité. Et c’est peut-être cela, finalement, que la RSE protège le mieux.

Disons-le sans détour : la France est aujourd’hui, en matière de RSE appliquée à la santé et à la santé environnementale, le pays le plus engagé au monde. Pas sur le plan des discours ou des grandes déclarations internationales, mais sur celui de l’action concrète, de la formation des équipes, de l’évaluation des impacts, de l’éco-conception des soins, de la mobilisation collective.

Cela fait plus de 25 ans que ce mouvement avance, porté par des acteurs de terrain, des pionniers discrets, des établissements engagés, des outils concrets. Il est temps d’en être fiers. Il est temps de le dire haut et fort. Et surtout, il est temps d’en faire un fer de lance international, pour accompagner d’autres systèmes de santé dans cette transformation, non pas en donneur de leçons, mais en éclaireur opérationnel.

ree

 
 
 

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