HAS 2025–2030 : quand la santé soigne aussi la planète
- oliviertoma
- 7 août
- 2 min de lecture

Il y a des signaux faibles qui, s’ils passent inaperçus dans le flot des actualités, n’en sont pas moins porteurs de basculements majeurs. La publication de la stratégie 2025–2030 de la Haute Autorité de Santé (HAS) en est un. Derrière ce document institutionnel se cache une ambition nouvelle : intégrer pleinement les enjeux environnementaux dans l’ensemble des missions de cette autorité publique indépendante.
Ce virage, amorcé en 2024 avec la publication de la première feuille de route Santé-Environnement, se confirme désormais à tous les étages : recommandations, certification, évaluation des pratiques, promotion de la qualité, prévention… Tous les leviers sont appelés à se réorienter vers une santé qui soigne sans polluer, une santé alignée sur les limites planétaires.
Au cœur de cette stratégie, un principe fort émerge : la nécessité d’écoconcevoir les soins, les parcours et les technologies médicales. L’idée n’est plus seulement de garantir l’efficacité thérapeutique d’un acte ou d’un dispositif, mais aussi d’évaluer son impact sur l’environnement, sa consommation énergétique, la gestion de ses déchets, et sa soutenabilité dans le temps. À travers ses futurs référentiels de certification et ses recommandations de bonnes pratiques, la HAS entend intégrer des critères de sobriété, de durabilité, de moindre exposition pour les patients comme pour les professionnels.
Plus encore, la feuille de route environnementale de la HAS appelle à repenser les parcours de soins dans leur globalité. Cela implique d’agir sur les déterminants environnementaux de la santé (qualité de l’air, de l’eau, bruit, exposition aux substances chimiques), mais aussi de soutenir les établissements de santé dans leur propre transition. Des indicateurs de performance environnementale des soins pourraient être intégrés aux outils d’évaluation. Des incitations à la réduction des pollutions médicamenteuses, à la limitation du plastique à usage unique ou encore à la maîtrise des effluents hospitaliers sont envisagées.
Un autre pan essentiel de cette stratégie concerne la santé au travail. Les professionnels de santé sont exposés quotidiennement à des substances toxiques, à des niveaux sonores élevés, à des contraintes physiques et à des tensions psychiques. La HAS souhaite renforcer la prévention des risques professionnels, notamment les expositions aux perturbateurs endocriniens, les troubles musculo-squelettiques ou les risques psychosociaux. Ces aspects ne seront plus relégués à la marge, mais intégrés aux référentiels de qualité, en lien avec la qualité de vie au travail.
Enfin, la stratégie 2025–2030 de la HAS affiche une volonté d’alignement fort avec les grandes orientations nationales et internationales. Elle s’inscrit dans le cadre du Plan National Santé Environnement (PNSE 4), de la Stratégie Nationale de Résilience du Système de Santé, et des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies. Elle entend jouer un rôle d’appui auprès des autres institutions (CNAM, DGOS, agences sanitaires) pour porter une vision globale, cohérente et résolument tournée vers une santé durable.
Il y a encore du chemin. Mais la direction est tracée.
La HAS ne révolutionne pas brutalement notre système de santé, elle en ajuste la boussole. Vers une médecine plus sobre, plus préventive, plus consciente de ses impacts. Vers une pratique du soin qui protège, soigne… et préserve.
Sources officielles
Mga Komento