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« L’eau : un risque financier systémique – ce que révèle le rapport de l’OCDE et ce que nous pouvons faire »

  • oliviertoma
  • 7 oct.
  • 4 min de lecture
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L’eau est au cœur de la vie, de l’économie et des écosystèmes. Pourtant, ses pressions — rareté, pollution, inondations, dégradation des écosystèmes — se renforcent partout dans le monde. Le nouveau rapport Embedding Water-Related Risks in Financial Stability Frameworks de l’OCDE montre que ces enjeux ne sont pas seulement environnementaux, mais aussi financiers et systémiques.

Ce rapport invite les superviseurs financiers, les banques centrales, les décideurs politiques et les acteurs économiques à intégrer les risques liés à l’eau dans leurs cadres de surveillance, pour anticiper des chocs qui pourraient fragiliser les systèmes financiers.



1. Le constat : pourquoi l’eau est un risque systémique


a) Pressions et dérèglements déjà visibles

  • La « frontière planétaire » de l’eau douce a déjà été franchie : les usages, la pollution, les prélèvements excèdent fréquemment ce que les milieux peuvent supporter.

  • Ces pressions se traduisent par des événements extrêmes (sécheresses, inondations), une pollution accrue, une dégradation des écosystèmes aquatiques (zones humides, rivières, nappes, etc.).

  • Ces phénomènes se répercutent dans l’économie réelle : perturbation des chaînes d’approvisionnement (agriculture, industries fortement dépendantes de l’eau), stress sur les infrastructures, risques de crédit ou de défaut pour les acteurs exposés.


b) Transmission aux sphères financières

Le rapport met en lumière plusieurs canaux par lesquels les risques liés à l’eau deviennent des risques financiers :

  • Risques de crédit / défaut : si des entreprises ou des régions subissent des chocs hydriques (sécheresse, inondation), leurs capacités de remboursement peuvent être fragilisées.

  • Risques de marché / valorisation d’actifs : les actifs (terrains, infrastructures, entreprises) peuvent subir une forte dépréciation si leur viabilité est remise en cause par des contraintes hydriques.

  • Risque opérationnel / perturbation des chaînes : coupures d’eau, contraintes de qualité, réglementations plus strictes peuvent entraîner des coûts inattendus.

  • Risque systémique / effets domino : la réaction d’une institution à un choc peut se propager à d’autres (feedbacks) et fragiliser l’ensemble du système financier.

Ce point est central : pour l’OCDE, le défi est d’aligner la surveillance financière (qui vise à garantir la stabilité) avec les politiques de gestion de l’eau (qui relèvent souvent d’autres ministères).


2. Les solutions proposées au niveau politique / institutionnel

Le rapport propose un large éventail de leviers pour intégrer les risques liés à l’eau dans les cadres financiers, tout en assurant la cohérence entre politiques financières et politiques de l’eau.


a) Pour les banques centrales et autorités de supervision financière

  • Intégrer l’eau dans les cadres de supervision bancaire : Inclusion dans l’identification des risques, tests de stress (scenario analysis), évaluation de la suffisance des fonds propres.

  • Monnaie / opérations de politique monétaire : ajuster les conditions de refinancement, l’acceptabilité des actifs ou des garanties selon les critères environnementaux, y compris les critères liés à l’eau.

  • Gouvernance interne des banques centrales : dans la gestion de leur propre bilan, privilégier des placements ou investissements moins exposés aux risques hydriques.


b) Gouvernance, réglementation et politiques publiques

  • Cadres réglementaires incitatifs : imposer ou encourager la divulgation (reporting) des risques liés à l’eau (par les entreprises, secteurs dépendants) ; intégrer l’eau dans la taxonomie verte ou dans la régulation des investissements durables.

  • Coordination intersectorielle : aligner les politiques de l’eau (gestion des bassins, régulation, droits d’eau, qualité) avec les politiques économiques, fiscales et de planification territoriale.

  • Investissements résilients & infrastructures durables : financer la restauration des écosystèmes aquatiques, moderniser les réseaux d’eau, reconstituer les zones humides, renforcer la capacité de stockage naturel / in situ.

  • Prix, incitations économiques et internalisation des externalités : réviser les tarifs de l’eau, subventions, redevances pour mieux refléter son rareté et sa valeur, pour encourager l’efficacité de l’usage.


3. Le coût de l’action vs le coût de l’inaction (et les ordres de grandeur)

a) Le coût de l’inaction

Le rapport lui-même n’offre pas toujours des estimations précises pour tous les contextes (cela dépend fortement des régions, secteurs, trajectoires).

Mais on peut s’appuyer sur des éléments pertinents et des exemples externes :

  • Le non-agissement face aux risques liés à l’eau peut entraîner des pertes massives dans les secteurs dépendants (agriculture, énergie, industrie).

  • Une source mentionne qu’au niveau corporatif, les coûts liés à l’inaction aux risques hydriques peuvent atteindre ~ 301 milliards USD, contre ~ 55 milliards USD pour des actions d’atténuation. waterdiplomat.org

  • De manière plus générale, le rapport Costs of Inaction on Key Environmental Challenges de l’OCDE (2008) souligne que les coûts de ne pas agir (santé publique, catastrophes, remédiation, pertes de productivité) peuvent être considérables, souvent largement supérieurs aux coûts d’action anticipés.

  • Dans le cas des sécheresses, certaines études indiquent qu’un dollar investi en prévention (actions proactives) peut éviter deux dollars ou plus de coûts de crise .


En résumé : l’inaction expose à des risques systémiques majeurs, dont les coûts (directs et indirects) — sur la santé, les infrastructures, les entreprises — peuvent être plusieurs fois plus élevés que l’investissement préventif.



4. Ce que chacun de nous peut faire : vers une contribution citoyenne crédible


a) Réduction et efficacité de la consommation d’eau

  • Installer des équipements économes (robinetterie à débit réduit, pommes de douche efficaces, toilettes économiques).

  • Préférer le « bon moment » pour arroser (le matin ou le soir), et opter pour des techniques comme le goutte-à-goutte, le paillage, la récupération de pluie.

  • Limiter les usages non essentiels (nettoyage de voiture, remplissage de piscine, etc.).

  • Surveiller les fuites (à domicile ou dans les locaux) et les corriger rapidement.


b) Adapter les choix de consommation

  • Privilégier des produits moins consommateurs d’eau (dans l’alimentation : réduire la consommation de viande, produits très hydriques)

  • Choisir des entreprises ou des marques qui affichent une gestion responsable de l’eau, qui publient un reporting sur les risques hydriques.

  • Soutenir les initiatives locales de préservation des milieux aquatiques (restauration de zones humides, cours d’eau, programme de désimperméabilisation).


c) Sensibilisation, plaidoyer et veille

  • Informer autour de soi (famille, communauté, entreprise) des enjeux de l’eau et des solutions disponibles.

  • Participer, soutenir ou initier des campagnes locales (nettoyages de rivières, végétalisation urbaine, projets de résilience hydrique).

  • Interpeller les élus, entreprises ou bailleurs sur la prise en compte de l’eau dans les projets d’aménagement (urbanisme perméable, bassins de rétention, toitures végétalisées).

  • Exiger ou encourager la transparence : demander aux entreprises ou collectivités le reporting « risques eau » (dans les rapports de durabilité) et encourager le renseignement des indicateurs liés à l’eau.


La mesure de l'empreinte hydrique est le point de départ d'un programme individuel et collectif sur le sujet .




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