Le backlash : comprendre, constater, dépasser
- oliviertoma
- 26 août
- 3 min de lecture
Introduction – Poser le sujet
Le terme backlash désigne une réaction de rejet, souvent soudaine et intense, face à une évolution perçue comme menaçante. Dans le champ social et politique, il incarne le contre-coup d’un progrès jugé trop rapide ou trop radical par une partie de la société. Les transitions sociales, environnementales et économiques n’y échappent pas : dès que l’élan s’accélère, surgit une force de rappel qui cherche à ralentir, voire à inverser la dynamique.
Aujourd’hui, ce phénomène touche de plein fouet la RSE, l’ESG et les politiques environnementales. Aux États-Unis, un mouvement anti-ESG gagne du terrain. En Europe, certaines mesures de sobriété énergétique ou de transformation agricole déclenchent des mobilisations virulentes. Le backlash, loin d’être un accident, est le signe paradoxal que la transition est bien engagée au point de bousculer les habitudes et de réveiller les résistances.
Les réglementations qui nourrissent ou déclenchent le backlash
Les dernières années ont vu se multiplier des textes et cadres normatifs qui renforcent les obligations sociales, environnementales et de gouvernance des organisations. Ces réglementations constituent un levier puissant pour transformer les modèles économiques, mais elles alimentent aussi le sentiment de contrainte qui nourrit certains backlashs. Parmi les plus marquantes :
La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) : entrée en vigueur progressive dès 2024, elle oblige des milliers d’entreprises européennes à publier des rapports détaillés sur leurs impacts sociaux et environnementaux, selon les normes ESRS.
Le Green Deal européen et la taxonomie verte : classification des activités économiques durables, conditionnant l’accès aux financements et incitant les entreprises à orienter leurs investissements.
Le devoir de vigilance (directive européenne en cours de finalisation) : obligation pour les grandes entreprises de contrôler les impacts de leur chaîne de valeur sur les droits humains et l’environnement.
Les SPASER et la commande publique durable en France : obligation pour les collectivités de publier un schéma de promotion des achats responsables, créant une pression vertueuse mais perçue comme contraignante par certains acteurs économiques.
Les réglementations climatiques nationales (plan France Nation Verte, Stratégie nationale bas-carbone, ZFE-m dans les grandes villes) : mesures visant à réduire les émissions de GES mais qui peuvent générer des crispations sociales (ex. backlash des transporteurs ou des agriculteurs).
Ces obligations s’ajoutent à un contexte déjà complexe (inflation, crise énergétique, tensions sociales), ce qui explique en partie la vigueur des réactions de rejet.

Un avenir d’opportunités : transformer le backlash en élan
Sur le terrain, la réalité est bien différente du discours de découragement. Dans les établissements de santé que nous accompagnons depuis vingt ans, nous voyons émerger une conviction claire : il faut agir, et vite. Ce n’est pas la volonté qui manque, mais les compétences. Le déficit principal reste celui de la formation initiale et continue : médecins, soignants, ingénieurs biomédicaux, acheteurs, directeurs… tous expriment aujourd’hui le besoin de monter en compétences pour intégrer la RSE, l’éco-conception et la santé environnementale dans leur pratique.
Ces sujets, qui pouvaient paraître « nouveaux » il y a deux décennies, deviennent désormais implicites : ils irriguent les décisions, les projets, la gouvernance. Et loin de reculer, la France est pionnière mondiale sur ces enjeux. Nos établissements de santé sont déjà cités en exemple à l’international, preuve que les efforts accomplis portent leurs fruits.
Dire que « tout recule » est non seulement inexact, mais surtout dangereux, car cela alimente un sentiment d’impuissance. Or nous observons l’inverse sur le terrain : si certains pensent que « cela ne va pas assez vite », c’est justement le signe d’une exigence collective croissante. Derrière l’impatience, il y a une formidable énergie : celle d’un pays qui veut avancer plus fort et plus vite.
C’est pourquoi nous croyons que le véritable moteur de cette transition réside dans un changement de récit : remplaçons le « À quoi bon ? » par le « Et pourquoi pas ? ». Plus nous mettrons en lumière les expériences réussies, plus nous ferons naître l’envie d’agir. C’est tout le sens de la veille ECHOrse® que nous avons lancée ce mois-ci : montrer la richesse des initiatives concrètes, et faire résonner l’intelligence collective du terrain.
La meilleure réponse au backlash n’est pas la polémique, mais la communication positive et la démonstration par l’exemple. C’est par ce récit partagé que nous transformerons le doute en énergie, et la résistance en mouvement.



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