Nanoparticules : ces invisibles omniprésentes qui s'invitent dans nos corps
- oliviertoma
- 24 juil.
- 3 min de lecture

Elles sont invisibles, souvent méconnues, mais bel et bien présentes dans notre quotidien. Les nanoparticules — ces substances d’une taille inférieure à 100 nanomètres — sont utilisées dans des centaines de produits de consommation : des crèmes solaires aux médicaments, des aliments aux vêtements, en passant par les matériaux de construction. Pourtant, leur diffusion massive dans l’environnement et dans notre corps soulève des questions majeures de santé publique.
Un risque avéré, une vigilance encore trop faible
Selon l’INRS, les nanoparticules peuvent franchir les barrières biologiques (peau, poumons, placenta…) et générer inflammations, stress oxydatif, perturbations de l’ADN, voire des effets cancérogènes. Le dioxyde de titane (TiO₂), longtemps utilisé comme colorant blanc sous le nom E171 dans l’alimentation, est désormais reconnu comme cancérogène potentiel pour l’humain. Son usage est interdit dans les denrées alimentaires en France… mais des chercheurs de l’INRAE et du CNRS en ont récemment détecté dans du lait maternel et animal.
Une question s’impose : comment une substance interdite se retrouve-t-elle dans notre organisme ? Réponse : par la multiexposition. Si les industriels affirment respecter les seuils réglementaires pour chaque produit pris isolément, personne ne mesure l’effet cocktail lié à l’accumulation quotidienne de ces particules via l’alimentation, l’air, les soins d’hygiène, les vêtements ou les médicaments.
Où se cachent les nanoparticules ?
Dans notre assiette : confiseries, chewing-gums, plats préparés, additifs technologiques (anti-agglomérants, colorants, agents de texture…). Des nanoparticules de silice, d’argent, d’aluminium ou de dioxyde de titane y sont régulièrement détectées.
Dans les médicaments : excipients, enrobages, systèmes d’administration contrôlée. Le TiO₂ est encore présent dans près de 4000 médicaments en Europe, y compris des anti-inflammatoires, antihistaminiques ou antalgiques courants.
Dans les cosmétiques et textiles : les nanoparticules sont utilisées pour leurs propriétés antibactériennes, anti-odeurs ou anti-UV. Elles traversent la peau ou les muqueuses et peuvent s’accumuler dans les tissus.
Dans les bâtiments : dans le BTP, elles sont intégrées aux bétons, peintures ou isolants pour améliorer la solidité, l’étanchéité ou la résistance au feu, mais leur impact sanitaire pour les travailleurs ou les habitants est encore mal évalué.
Pourquoi ce sujet nous concerne tous ?
Parce que les nanoparticules ne se voient pas, ne se sentent pas, ne s'étiquettent pas toujours… mais elles s’accumulent, elles traversent les générations, et les effets à long terme sont encore largement méconnus. Ce sont les plus jeunes, les femmes enceintes, les personnes malades ou fragiles qui y sont les plus sensibles. Apprendre à repérer les produits susceptibles d’en contenir est devenu un acte de santé publique.
Agir en tant que citoyens, acheteurs, professionnels
Pour les citoyens : privilégier les produits bruts, non transformés, sans additifs superflus. Se renseigner, lire les étiquettes, et exiger plus de transparence.
Pour les acheteurs publics ou privés : intégrer dans les appels d’offres une clause de vigilance sur la présence de nanomatériaux. Évaluer le cycle de vie complet des produits.
Pour les décideurs : renforcer la recherche indépendante, créer un vrai registre public des produits contenant des nanomatériaux, et encadrer la publicité et l’étiquetage.
Ce que nous apprennent les nanoparticules
Les nanoparticules sont le symbole d’une innovation technologique rapide, non accompagnée de garde-fous suffisants. Elles nous rappellent que l'invisibilité d’un risque ne signifie pas son innocuité. La santé environnementale ne peut pas reposer sur des seuils réglementaires obsolètes, mais sur une vision globale et préventive.
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