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SHEIN : l’étoffe du mensonge

  • oliviertoma
  • 8 juil.
  • 3 min de lecture


Quand l’environnement devient un argument de vente… et que la sanction tombe

On les croyait intouchables. Trop rapides, trop globaux, trop puissants. Leurs prix sont dérisoires, leurs slogans séduisants, leurs pubs omniprésentes. SHEIN, c’est ce mastodonte de la fast fashion qui a bouleversé la planète textile avec un cocktail explosif : des vêtements à très bas prix, renouvelés en permanence, et une communication parfaitement huilée, où même l’environnement avait sa place. Enfin, en apparence.

Mais voilà. En juillet 2025, le rideau tombe. L’administration française, via la DGCCRF, frappe fort : 40 millions d’euros d’amende pour pratiques commerciales trompeuses. Et ce n’est que la première salve.


Greenwashing de luxe et fausses promotions

Tout commence par une enquête minutieuse. Pendant près d’un an, des agents de l’État décortiquent le site français de SHEIN. Ils passent au crible les prix affichés, les réductions barrées, les slogans "éco-friendly". Ce qu’ils découvrent est sans appel.

Sur des milliers de produits, près de 60 % des "promotions" sont factices. Des réductions imaginaires, des prix gonflés avant les soldes, des bonnes affaires qui n’en sont pas. Et surtout, une marque qui prétend réduire de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre... sans pouvoir fournir la moindre preuve.

Mais ce n’est pas tout.

Là où SHEIN franchit une ligne rouge, c’est en omettant volontairement de prévenir ses clients de la présence de microfibres plastiques dans les vêtements qu’elle vend. Or, depuis janvier 2023, une mention explicite est obligatoire :

« Ce produit rejette des microfibres plastiques dans l’environnement lors du lavage. »Pas une mention discrète : une obligation légale.

Résultat : une amende complémentaire de 1,1 million d’euros pour 732 produits concernés. Le total grimpe à plus de 41 millions d’euros. C’est beaucoup. Mais c’est peut-être encore trop peu pour une marque dont le modèle économique repose justement sur la vitesse, la quantité, et l’opacité.


Un précédent dans les sols : Tarkett, Gerflor, Forbo

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais SHEIN n’est qu’un symptôme. Le greenwashing, l’opacité sur les pratiques environnementales, les jeux de prix... tout cela existe depuis longtemps dans d’autres secteurs.

Retour en 2017.

Trois grands noms des revêtements de sol — Tarkett, Gerflor et Forbo — se voient condamnés à une amende vertigineuse : 302 millions d’euros. Pas pour mensonge écologique cette fois, mais pour entente sur les prix, manipulation de marché et échanges d’informations confidentielles entre concurrents.

Pendant plus de 10 ans, ces entreprises ont contrôlé entre 65 % et 85 % du marché, fixant discrètement les prix des sols PVC et linoléums. Là encore, des produits souvent qualifiés d’"écologiques", "recyclables", "durables"... mais dans un contexte de concurrence faussée et de marges maximisées.


Et maintenant ?

Les temps changent.Les consommateurs aussi.Et l’impunité s’effrite.

Avec SHEIN, un cap a été franchi. Pour la première fois, les allégations environnementales mensongères sont sanctionnées au même titre que les promotions abusives. Ce n’est plus du marketing maladroit, c’est une faute réglementaire majeure.

Car oui, la loi a évolué. Depuis 2023, les vendeurs de textiles sont tenus d’informer précisément sur l’impact environnemental de leurs produits : composition, toxicité, microfibres, recyclabilité. Et les prix affichés doivent refléter une réalité, pas une illusion.



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SHEIN, Tarkett, Forbo, Gerflor… Des entreprises aux univers très différents, mais un même travers : faire du marketing environnemental sans en assumer la responsabilité.Aujourd’hui, la DGCCRF montre que les sanctions ne sont plus symboliques, elles sont structurelles.

À l’heure où l’on demande à chacun d’agir pour le climat, les marques aussi devront rendre des comptes.L’environnement ne peut plus être un décor de campagne publicitaire.Il doit devenir une exigence. Une cohérence. Une preuve.

Et ça, ce n’est pas négociable.

 
 
 

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